Des vents, des cordes, une voix. Pascale chante en français mais est-ce de la chanson française ?
Un rugissement de saxophone, des harmoniques de clarinette d’où exalte une forme de beauté brute pour que s’élancent librement des images et des mots, à moins qu’il ne se déposent sur le velours tendre et étrange de la contrebasse. Des chansons, des espaces d’improvisation, des paysages sonores où chacun peut laisser s’exprimer son instrument dans sa dimension harmonique ou " bruitiste ".
Aux frontières de la poésie, avec une touche d’onirisme et un idéalisme affirmé, elle chante, parle ou scande ce qu’elle voit, vit, et rêve, tantôt dans le murmure d’une page d’un journal intime, tantôt dans l’expansion d’un grand cri d’espoir.
Pascale marche dans les couleurs d’un tableau de Chagall, un vieux blues profondément enraciné au fond du cœur et dans le lointain l’appel d’un chapiteau de cirque, l’écho des rires et des forêts de l’enfance qui voltigent avec les cuivres et les tambours. Au centre de la piste, un cercle de lumière tamisée, le souffle et l’éclat du soleil, des vents, des cordes, une voix.
Pascale Delagnes compte déjà quelques belles années de scènes entre Belgique (Francofolies de Spa, Mars en Chanson, Rallye Chantons Français, Une chanson peut en cacher une Autre, L'Ouïe qui danse, etc) France (Alors Chante, Chanson de Paroles) et Québec (Festival de la chanson de Granby et tournée des centres culturels au Québec l'hiver 2006), en passant par la Bolivie, le Pérou, et le Togo.
Au gré des ses différents projets, vous la rencontrerez au coin d'une rue, dans une salle de concert, dans un café-théâtre, sous un chapiteau, sur une péniche ou encore en pleine mer, pourvu que la rencontre soit vraie et la poésie au rendez-vous. Un contact sincère avec le public et une présence pleine, sensible et ancrée, aussi bien sous les éclairages de la scène qu'à la lueur des réverbères.
1974. Son premier bain sonore, elle le prend en Afrique de l'ouest, au Togo, bercée par le rythme chaloupé des hanches de sa nounou, le son de la mer et les chants d’un autre monde. Puis elle grandit en France, avec le désir de toujours partir explorer " ailleurs ". Elle rêve d’être trapéziste et de parcourir le monde.
A l’âge 12 ans, elle vit son premier frisson musical dans une chorale et découvre la beauté des harmonies vocales et la joie des sons. Son deuxième frisson musical , c’est son premier concert : BB King. Elle pleure. Elle a 14 ans. Puis c’est Ferré, Brel, Barbara, Piaf, Dalida, les Choeurs de l’Armée rouge et les soirées à écouter Renaud, BB King et les Blues Brothers sous les étoiles. Elle veut faire du piano et devenir chanteuse de blues. On lui met un accordéon dans les bras. A ce moment là, elle n’aime pas. Papier et plume sont ses premiers confidents. L’écriture lui offre un espace illimité pour traduire ses émotions et ses aspirations. Le lycée lui offre sa première scène. Là, elle se sent enfin " chez elle ".
Elle part à Bruxelles, étudie la kinésithérapie, tout en créant des liens avec le monde artistique. Elle chante dans des cafés, rencontre le clown P.Doss qui l’accompagne pour son travail de fin d’études dans lequel elle intègre le clown à la psychomotricité, et s’oriente vers l’ École Internationale de Théâtre Lassaad.
Elle y vit une forme de voyage exploratoire qui lui offre des outils créatifs pour fonder avec Cristel Vander Stappen la Compagnie des Tortues Enragées. Ce duo musical, clownesque tendre et pétillant, tournera dans les festivals de rue et lieux culturels pendant 10 ans. Elle reprend l’accordéon de son enfance, qui devient son compagnon de rue et dans le même temps, voyage, écrit et met en musique ses premières chansons. Son premier groupe, Ma petite Robe rouge, l'emmène jouer en Belgique, France et Québec. (Lauréate du Festival International de la Chanson de Granby en 2004 suivi d'une tournée au Québec, Festivals "Alors Chante" (F), “Mars en chansons”, Francofolies de Spa (B), festival “Ecoutez-voir “(B) et bien d’autres scènes). Elle réalise deux albums " Ma petite Robe Rouge " (2006) et " Salut à toi " (2011). Son approche de la musique est au départ très instinctive mais au fil du temps l'intention se précise. Elle continue sa formation musicale par l'improvisation vocale, le jazz, le chant polyphonique, et devient la chanteuse du groupe Belch’ Quartet, projet jazz à la rencontre du répertoire belge.
Suite à ces nouvelles explorations, elle aspire à chercher des formes plus libres et s’apprête à sortir un album " live " avec son nouveau répertoire " Réveillons-nous " . Elle compose avec Damien Campion les morceaux et aussi les paysages sonores avec des structures qui tendent à parfois se libérer des formats " classiques ". Ensemble, ils créent des espaces d’improvisation et d’atmosphères instrumentales sur lesquelles se dépose un texte parlé. Dans ces paysages, on entend parfois la présence discrète d’un accordéon, quelques touches cristallines de glockenspiel, un petit piano à doigts africain (likembe) qui raconte tendrement une histoire d’enfance, un tambour andin (bombo) pour donner " rendez-vous aujourd’hui " à sa manière à une forme de mobilisation par laquelle elle se sent concernée.
Par ailleurs, elle continue à chanter dans la rue avec son personnage " Mademoiselle Joséphine ". C’est pour elle un espace de rencontre privilégié et improvisé qui la nourrit et l’inspire, avec ce plaisir du contact direct, la vibration d'un regard, bref, de l'émotion! Elle réalise l’album " Joséphine on Ze road " en 2017 , voyage sonore traduisant une journée de Joséphine à la rencontre d’amis musiciens, du public avec des interprétations originales de chansons réalistes qu’elle affectionne.
Pascale garde un ancrage dans ses inspirations premières, " la chanson à texte ", aux frontières de la poésie, tout en aspirant à explorer d’autres harmonies, d’autres timbres et textures pour affiner son identité musicale. Les musiques folk et traditionnelles sont aussi pour elle une source d’inspiration et la relient à on enfance et à ses voyages. Elle aspire à trouver l’ intensité et la profondeur musicale que lui inspirent des femmes comme Lhasa, Nina Simone, Chavela Vargas, Mercedes Sosa, ou Camille, dont la voix et la musicalité la transportent. La route est longue mais elle a de la ténacité et des rêves, beaucoup de rêves. Ce sont ceux-là qui l’ont toujours guidée.